“ En même temps, et tout à fait en dehors de l’asservissement général qu’implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s’exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu’ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu’ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu’ils n’appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu’ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d’ordre conservateur: «Un salaire équitable pour une journée de travail équitable», ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire: «Abolition du salariat».”
Karl Marx – Salaire, prix et profit – 1865
“… le passage de la propriété foncière au travail salarié constitue un véritable mouvement dialectique en tant que processus historique accompli puisque le dernier produit de la propriété foncière moderne est bien l’instauration généralisée du travail salarié qui, ensuite, apparaît comme la base de toute la merde contemporaine.”
Karl Marx – Lettre à Engels du 2 avril 1858
“ Mais la lutte reprendra sans cesse, avec une ampleur toujours croissante, et il ne peut y avoir de doute quant au vainqueur final – le petit nombre des accapareurs, ou l’immense majorité travailleuse. Et la classe ouvrière française n’est que l’avant-garde du prolétariat moderne.”
Karl Marx, La guerre civile en France – 1871
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Actuellement en cette crise gigantesque et fantastique des Gilets Jaunes, nous voyons circuler des revendications arbitraires concernant le salariat : certains réclament plus d’argent, une meilleure retraite, de meilleures conditions de travail ! Autant le dire de suite, ces revendications n’obtiendront pas satisfaction et c’est tant mieux !
Le salariat n’a pas toujours existé, cependant il contient en lui tous les modes d’exploitation antérieurs (Antique, féodal, etc..) en réalisant la synthèse supérieure qui est la pire de toutes !
Pour imposer le salariat, le Capital a du passer par une période d’accumulation primitive qui, arrachant les paysans féodaux à leurs terres, consista à les déporter vers les villes au sein des corporations sous le joug du travail libre, n’hésitant pas à massacrer les plus récalcitrants. Cette réalité sociale historique constitue ainsi la base de notre société actuelle. Citons Marx à cette occasion.
“Le début des manufactures fut marqué en même temps par une période de vagabondage, causé par la disparition des troupes armées féodales et par le renvoi des armées que l’on avait rassemblées et que les rois avaient utilisées contre leurs vassaux, et causé également par l’amélioration de l’agriculture et la transformation en pâturage de larges zones de terres de culture. Il découle déjà de ces faits que ce vagabondage est exactement lié à la décomposition de la féodalité. Dès le XIII° siècle, on trouve quelques périodes de ce genre, mais le vagabondage ne s’établit de façon permanente et généralisée qu’à la fin du XV° siècle et au début du XVI° siècle. Les vagabonds étaient en tel nombre que le roi Henri VIII d’Angleterre, entre autres, en fit pendre 72 000 et il fallut une misère extrême pour arriver à les mettre au travail, et cela au prix de difficultés énormes et après une longue résistance. La prospérité rapide des manufactures, surtout en Angleterre, les absorba progressivement. La création du prolétariat sans feu ni lieu – licenciés des grands seigneurs féodaux et cultivateurs victimes d’expropriations violentes et répétées – allait nécessairement plus vite que son absorption par les manufactures naissantes. D’autre part, ces hommes brusquement arrachés à leurs conditions de vie habituelles ne pouvaient se faire aussi subitement à la discipline du nouvel ordre social. Il en sortit donc une masse de mendiants, de voleurs, de vagabonds. De là, vers la fin du XV° siècle et pendant tout le XVI°, dans l’ouest de l’Europe, une législation sanguinaire contre le vagabondage. Les pères de la classe ouvrière actuelle furent châtiés d’avoir été réduits à l’état de vagabonds et de pauvres. La législation les traita en criminels volontaires; elle supposa qu’il dépendait de leur libre arbitre de continuer à travailler comme par le passé et comme s’il n’était survenu aucun changement dans leur condition.”
Karl Marx – L’idéologie Allemande – 1845
“C’est ainsi que la population des campagnes, violemment expropriée et réduite au vagabondage, a été rompue à la discipline qu’exige le système du salariat par des lois d’un terrorisme grotesque, par le fouet, la marque au fer rouge, la torture et l’esclavage. […] Voilà de quel prix nous avons payé nos conquêtes; voilà ce qu’il en a coûté pour dégager les « lois éternelles et naturelles » de la production capitaliste, pour consommer le divorce du travailleur d’avec les conditions du travail, pour transformer celles-ci en capital, et la masse du peuple en salariés, en pauvres industrieux (labouring poor), chef-d’œuvre de l’art, création sublime de l’histoire moderne . Si, d’après Augier, c’est « avec des taches naturelles de sang, sur une de ses faces » que « l’argent est venu au monde », le capital y arrive suant le sang et la boue par tous les pores”
Karl Marx – Le Capital – livre 1 – Section 8 – l’accumulation primitive – 1867
Soyons clairs : le salariat c’est pire que l’esclavage ! c’est l’exploitation humaine la plus insidieuse, c’est la réalité la plus inhumaine et la plus dégradante qui soit ! Elle fait de chaque humain une marchandise qui chaque jour doit à nouveau se vendre si il ne veut pas crever de faim… Nous vivons actuellement la consécration absolue du Capitalisme dans sa domination planétaire enfin réalisée, et cette réalité que nous vivons est celle de sa crise terminale qui rend impossible tout réformisme dans une revalorisation marchande des conditions d’existence…
Nous devons comprendre cela et le saisir comme une chance inouïe ! Ce qu’il y aurait de pire pour nous Gaulois réfractaires, c’est de pouvoir à nouveau rénover les conditions d’exploitation et ainsi retourner dans une dynamique de soumission et de revalorisation capitaliste… Notre vie n’est pas une marchandise ! Il existe aujourd’hui dans ce rapport social malade un amour de la servitude jamais atteint… Et comme nous le rappelait Paul Lafargue dans «Le droit à la paresse» : “Honte au prolétariat Français! Des esclaves seuls eussent été capables d’une telle bassesse. Il faudrait vingt ans de civilisation capitaliste à un Grec des temps héroïques pour concevoir un tel avilissement.”
En un mot, nous n’avons jamais été autant domestiqués et aussi inconscients sur notre propre réalité de vie asservie… Le prolétariat, c’est à dire la classe laborieuse que nous sommes reproduit le rapport social capitaliste qui programme notre mort… Débarrassons-nous en une fois pour toutes ! A bas toutes les restructurations économiques et politiques ! Battons-nous sur une frontière de classe clairement établie et libérons-nous de notre enfermement ! Nous n’avons rien à perdre d’autre que nos chaînes, et nous avons un monde à gagner !
Nous devons saisir RADICALEMENT que si nous voulons une vie humaine nous devons détruire ce rapport social de soumission qui reproduit le capital… Ce qui reproduit le Capital est le rapport prolétarien salarié qui créé la valeur nécessaire à la réalité capitaliste. Il ne faut donc pas se battre sur une base de revalorisation horaire de notre condition d’esclaves ou quémander misérablement un peu plus d’argent… Il convient bien d’abolir une fois pour toutes le salariat ! Demander un peu plus d’argent est une revendication illusoire quant à notre vie humaine ! L’Argent est un asservisseur et un rapport social de domination ! Il apporte la mort et la division, tout comme il apporte l’inversion des qualités et perceptions naturelles et humaines en toutes circonstances.
L’Argent, c’est notre dépossession, et l’Etat n’est en réalité que le chef d’orchestre ostentatoire de cette dépossession. Nous n’avons pas à négocier la longueur de nos chaînes ! Si nous conservons le salariat nous conserverons obligatoirement et nécessairement toute la merde qui en découle. Cette crise sociale qui intervient, c’est aussi la fin de ces illusions stupides…
Il est temps de commencer à comprendre que ce qui nous arrive est aussi ce qui nous ressemble. Pour cesser de ressembler à la pourriture capitaliste il conviendra d’abolir la condition prolétarienne.
Si l’énergie vitale de la lutte du prolétariat qui advient comprend cela, alors tout est possible…
Si nous persistons dans l’erreur alors c’est pour l’éternité que nous serons brisés, et les générations futures hériteront naturellement de toute la dégradation liée à cette aberration mentale de conscience fausse.Le capitalisme est l’anti-naturalisme achevé !
Toutes les guerres, les famines, les horreurs sont le produit de cette merde gigantesque qu’est l’accumulation du capital… Retrouvons le chemin humain de la communauté universelle pour une vie enfin humaine !Toutes les cliques capitalistes de l’extrême gauche à l’extrême droite du capital comptent nous enfermer dans cette logique de l’économie politique pour l’éternité ! Nous le disons clairement : nous n’aurons jamais de vie humaine si nous conservons l’Argent le salariat et l’Etat…
Notre vie nous est volée en permanence, et nous ne voulons assurément plus d’une sur-vie augmentée… Nous voulons la véritable vie humaine débarrassée de la marchandisation du monde et de l’Être, dans une absolue récusation de la chosification d’accumulation d’avoirs…
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«Le combat ou la mort la lutte sanguinaire ou le néant. C’est ainsi que la question est invinciblement posée.» George Sand