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Foin des anachronismes ! L’histoire avance à son rythme déterministe selon les seuils dialectiques engagés par la loi chronologique du dérouler nécessaire… Et l’on ne peut accomplir pleinement à la fin les actes de conscience fragmentaire du début que précisément en raison du fait que les éclosions de l’amont sont parvenues à la plénitude de l’aval. Entre les premiers jaillissements contestateurs de la mythologie du capitalisme d’État moscoutaire et la critique communiste la plus réussie des temps présents, il était indispensable que plusieurs générations s’emploient activement à accompagner le travail clarificateur de la Vieille Taupe jusqu’à son dé-nouement effectué.
La révolution bolchévique ne fut point une révolution prolétarienne qui échoua mais une révolution capitaliste qui a admirablement réussi, en se matérialisant pleinement dans le sanglant écrasement étatiste et policier des grèves ouvrières de Pétrograd et le massacre des communards de Kronstadt en 1921. Cette évidence de base qui est aujourd’hui totalement manifeste et facilement acceptable en tous ses effets, pour tous ceux qui rejoignent la conscience vérifiée des partisans du communisme intégral, ne l’était donc pourtant pas encore au début du siècle dernier… Loin s’en faut… Il a donc fallu que la dialectique du temps long se concrétise entièrement par-delà toutes ses difficultés, opacités, combats et contradictions pour que – dans l’épreuve, le déchirement, la douleur et la méthode – la claire conscience révolutionnaire de l’intelligence générique puisse s’élaborer pas à pas dans le processus de réception de l’auto-négation de la contre-révolution elle-même…
Comme le groupe Marx-Engels nous l’a appris avec richesse sur le terrain des luttes de classe du mouvement historique réel le plus radical, en renversant dialectiquement Hegel, c’est seulement lorsque s’accélèrent les conditions de production de la fin du mode de production capitaliste que peuvent émerger les circonstances abouties de la terminaison des mystifications que ce dernier a élaboré tout au long du cours de son cours… Ainsi des religions soviétique et antifasciste, armes d’embrigadement de destruction massive de toutes les gauches du Capital pour neutraliser tous les grands soulèvements prolétariens. Si dès le surgissement radical des conseils ouvriers russes de 1905, certaines ultra-minorités maximalistes surent voir et analyser le mensonge du progressisme aliénatoire de la capitalisation étatique terroriste qui s’annonçait, il était indispensable que le fil du temps fasse son œuvre pour que les jalons de conscience subversive de l’époque contemporaine puissent enfin faire acceptation et conclusion totales sur le terrain de l’intransigeance sans réserve de l’absolue communisation nécessaire.
À l’heure actuelle et après l’effondrement définitif de toutes les crapuleuses aberrations mercantiles léninistes, trostskystes, stalinistes, maoïstes et autres manipulations guévaristes tiers-mondistes sempiternelles, beaucoup de choses ont fort heureusement bougé… Et dans le temps désormais advenu de la crise terminale de la valeur d’échange, il va de soi que si l’invariance de l’obligation de l’abolition du salariat et de l’État, posée dès 1848 vers la commune de 1871, est bien la clef du déterminisme historique, il convenait préalablement que bien des étapes d’obstacles et d’efforts antérieurs fussent franchies sur tous les territoires pratiques et théoriques de la vie vivante pour que le Tout fût correctement et enfin appréhendé… C’est là tout le sens de cette réunion d’avril 1933 qui, du sein même de ses limites encore lourdement enfermées dans les pièges du passé-présent, annonce cependant toute la puissance de tout ce qui fera – à partir de Barcelone 1936-37 – le présent-futur de ce qui mène à la grève sauvage extrémiste de 1968 vers les Gilets jaunes se dépassant eux-mêmes… Ainsi a pu être mis en perspective l’impérieux devoir communiste de récuser toute la merde de l’économie politique la plus moderniste… C’est pourquoi, à l’encontre de toutes les chapelles et cliques mafieuses des poisons culturels de la gauche capitaliste plurielle en décomposition dernière, l’impératif social de liquider historiquement le spectacle de la marchandise, du salariat et de l’État, passe dorénavant – en fulguration débordante – par l’élimination de toute l’industrie idéologique sociétale du LGBTisme, de l’immigrationnisme et de l’écologisme née de la décadence de la valeur d’échange…
Le 22 avril 1933 eut donc lieu à Paris, la Conférence d’unification des groupes oppositionnels au diktat de la légende tchékiste alors au pouvoir dans les salons du Kremlin. Avec plusieurs dizaines de contributeurs, Simone Weil participa à cette conférence et rédigea la déclaration qui clôtura la rencontre, laquelle affirmait impossible de considérer l’État russe comme un moment de l’émancipation du prolétariat… C’était un début mais c’était beaucoup pour le devenir de véridicité du monde…
La Conférence d’Unification des groupes de la Gauche communiste avait été enclenchée par plusieurs groupes ouvriers qui s’interrogeaient, en ce début d’année 1933, sur la faisabilité de susciter une perspective révolutionnaire à partir d’orientations nettement affirmées. Diverses réunions se succédèrent… Les trotskistes quittèrent hâtivement le processus engagé puisque Trotski, en bon Staline manqué, s’obstinait à regarder la machinerie capitaliste de l’État soviétique comme « essentiellement ouvrière » en dépit de ses « déformations bureaucratiques » et qu’il estimait que l’Internationale des polices stalinistes demeurait « révolutionnaire malgré ses erreurs ». De plus, Trotski était encore adversaire de la fondation d’une Quatrième Internationale alors que les signataires de la déclaration soutenaient, eux, le principe d’une telle constitution.
La plus grande part des autres groupes qui décidèrent de demeurer dans les travaux mis en chantier par la Conférence fondèrent ensuite l’Union communiste qui allait publier L’Internationale.
Cette déclaration collective du 22 avril 1933 a été essentiellement composée par Simone Weil comme le confirmèrent les témoins d’alors. Cette dernière, au carrefour historique et ontologique du Logos grec, du Christ radical et du groupe Marx-Engels, fut une personnalité marquante de cette temporalité où le courage et l’exigence se faisaient rares. Trois ans après, elle rejoignit la colonne Durruti. Dénonçant les innombrables opérations de vengeance aveugle, de lynchages et d’exécutions arbitraires qui servaient à faire diversion afin de torpiller à la fois la fraternisation révolutionnaire et le mouvement des collectivisations, elle fit alors une critique sans concession de toutes les idolâtries religieuses et politiques du monothéisme de marché. Simultanément lumière d’élégance humaine et femme en vrai souci récalcitrant de la condition ouvrière, Simone Weil est néanmoins le parfait exemple de l’impasse mystique qui est l’inévitable sort de toute conscience malheureuse qui cherche à s’échapper des pesanteurs de l’asservissement sans entrer dans l’œuvre de groupe qui fait continu ouvrage historique collectif, anonyme et impersonnel.
Hors la robuste dialectique du Nous combattant, point de salut pour le je !
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Concernant Simone Weil :
Simone Veil ou Simone Weil ?
https://guerredeclasse.fr/2022/08/12/simone-veil-ou-simone-weil/

