« Quoi qu’il en soit, le jour de la crise et le lendemain, notre seul adversaire, ce sera la masse réactionnaire regroupée autour de la démocratie pure – et c’est ce qu’il ne faut pas, à mon avis, perdre de vue. »

F. Engels à A. Bebel, décembre 1884


Le système dans lequel l’argent se manifeste dans son despotisme le plus abouti, c’est la démocratie.

Née de la déstructuration des communautés grecques archaïques ignorant l’argent, l’État et le salariat, la démocratie se présente d’emblée comme le système social de l’égalité de tous devant la tyrannie du marché. Qu’elle soit plus directe, plus juste ou plus représentative ne nous intéresse donc pas : la démocratie reste et restera la dictature de l’argent en toutes circonstances.

Derrière son apparence de gestion équitable du peuple par le peuple, la démocratie est l’outil de domination d’une classe ne possédant rien au monde par une classe possédant le monde entier. L’exploitation – dynamique d’appropriation toujours plus perfectionnée de la force de travail du prolétariat par la classe capitaliste – nécessite le perfectionnement toujours plus abouti de son déguisement démocratique. L’entretien de ce mensonge central condamne cependant la démocratie à la production constante de mensonges annexes toujours plus nombreux et délirants, à propos de tout et n’importe quoi, car à mesure que grandit l’exploitation grandissent également tous ses effets désastreux : stress, maladies, suicides, pollution… De l’immigration à l’écologie en passant par les incendies de cathédrales, tout est donc nécessairement faux ou caché, par n’importe quel moyen, à n’importe quel prix et ce afin que la problématique centrale de cette société – l’exploitation – ne soit jamais vue et encore moins débattue par quiconque.

Antérieur à la démocratie, le fascisme n’est qu’une phase transitoire du marché vers sa perfection fragile. Ainsi, lorsque nous disons « À bas la démocratie ! », nous ne célébrons aucunement son antériorité fasciste mais indiquons simplement qu’elle est son rejeton le plus abouti puisqu’elle réussit l’exploit de massacrer, de bousiller et de cancériser tout le monde en faisant croire à ce tout le monde qu’il serait non-seulement d’accord mais également heureux de cet état des choses. Dans ce cadre, plus un état parle de démocratie, plus il est policier, la liberté qu’il proclame partout ne se révèle être, en dernière instance, que celle de son commerce, et le rééquilibrage régulier de ce dernier nécessite dorénavant une ingénierie électorale, terroriste et médiatique toujours plus perfectionnée.

Cependant, la fameuse loi de mort du capitalisme – la baisse tendancielle du taux de profit – a d’ores et déjà condamné le marché mondial à son explosion terminale. Les rafistolages de crédits et les magouilles bancaires n’y changeront rien et la crise des subprimes de 2008 n’en était qu’un signe avant-coureur.

Prolétariat, tiens bon ! Le mouvement des Gilets Jaunes préfigure le retour d’un gigantesque incendie social que les grandes mises en scènes théâtrales du terrorisme d’état et des restructurations démocratiques ne sauront divertir. La lutte des classes revient pour mettre un terme définitif non pas à tel ou tel mode d’exploitation, mais à l’exploitation tout court, et ceci au niveau mondial compte tenu de la crise d’un marché dorénavant mondialisé. Bien creusé, vieille taupe !

« Nous devons être persuadés qu’il est de la nature du vrai de percer quand son temps est venu, et qu’il n’apparaît jamais que si ce temps est venu. C’est pourquoi il n’apparaît jamais trop tôt et ne trouve pas un public sans maturité pour l’accueillir. »

Hegel – Préface à la phénoménologie de l’esprit


GDC – Juin 2019

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