La dialectique… est essentiellement critique et révolutionnaire.
Marx, Postface de la seconde édition allemande du Capital – Livre premier
Les quatre Livres de Das Kapital en tant qu’ils accomplissent les Grundrisse, décrivent essentiellement le mode de production capitaliste totalement réalisé du XXI° siècle tel qu’il se produit comme sa propre nécrologie en rendant ainsi possible le surgissement d’une communauté humaine universelle sans argent, ni salariat, ni État. Contre toutes les droites et toutes les gauches du Capital, le groupe Marx-Engels y a là élaboré la critique définitive de toute économie politique en tant qu’expression théorique du mouvement réel des luttes de classe qui abolit la totalité de la domestication actuelle.
La révolution néolithique de la valeur d’échange en permettant le surgissement historique de la spécificité capitaliste médiévale a fait émerger la dictature démocratique de la raison marchande. La dialectique capitalistique de la baisse du taux de profit s’y démontre là à la fois comme dynamique de vie et de mort du spectacle fétichiste de la réification tel qu’il est aujourd’hui devenu l’horizon mondial incontournable de toutes les servitudes obligatoires et de tous les événements qui en résultent. Seul le temps de travail non payé de fatigue humaine exploitée permet qu’existe la fameuse plus-value alors que l’usure machinique indispensable à la productivité technologique du travail de cette fatigue n’autorise pas d’autre valeur que celle qu’elle extirpe du temps humain confisqué en maximisant la circulation croissante de la marchandisation. De la sorte, le rendement du profit ne cesse de décliner en même temps que croît sa masse et qu’ainsi périodiquement la saturation du marché mondial oblige la guerre commerciale à devenir guerre monétaire et militaire jusqu’à ce temps d’aujourd’hui où l’immensité du crédit chimérique voit les échanges de la monnaie anéantir la monnaie des échanges.
La crise terminale du cosmopolitisme de la cybernétique autocratique du Capital – en synthèse accomplie de la fin de la période de reconstruction et des métamorphoses successives de la mort définitive de l’étalon-or en 1971 – a commencé, après les reconfigurations de 2008, avec les taux négatifs de 2018… Elle est le résultat de la même contradiction que celle qui a causé toutes les crises grandissantes de développement-modernisation. Mais, d’imposture coronavirale en charlatanisme climatique, terrorisme étatique et foutaise immigrationniste, celle-ci est en train d’atteindre – dans une mise en fiche incoercible partout diffusée – la phase de l’impossible restructuration supérieure, autrement dit celle de la crise historique totale qui voit la loi de l’accumulation inapte à reconduire le mouvement de son mouvement.
Après la décomposition des mondialités incomplètes et passagères du Portugal, de l’Espagne et de la Hollande nées des déplacements mercantiles vers l’Atlantique, issus de la dégénérescence du marché des cités commerciales italiennes, a fini par pleinement émerger la modernité de l’antinomie centrale France/Angleterre qui – prolongeant les circonstances de la guerre de Cent Ans – a exprimé, de Louis XIII à Napoléon, le temps long d’une guerre planétaire de mille ans entre Paris et la City… Avec la domination réalisée du Capital qui permit au terme des deux charniers impérialistes mondiaux que Wall Street, ayant disloqué le pacte germano-soviétique et héritant de la perfide Albion, devienne dynamique totalitaire de l’économie-monde du billet vert, toute l’histoire de la géo-politique de la valeur d’échange mondialiste n’a plus été qu’une lutte féroce pour que Washington, débarquant en 1942-44 sur les terres de France et d’Italie, puisse entreprendre – à partir de là – de vassaliser le vieux monde en cassant toute possibilité d’un axe Paris-Berlin-Moscou et en empêchant ainsi la technologie de pointe gaullo-pompidolienne de faire alliance de modernisation avec la vétusté russe pour créer l’Eurasie dominante d’un autre type de marchandisation.
Par le biais de mille manigances et manipulations, de la liquidation du Shah à l’élimination de Kadhafi en passant par l’assassinement de Saddam Hussein, le Pentagone, l’OTAN, la CIA, le Mossad et la commission bruxelloise atlantiste ont fait du bazardage de la puissance française leur urgence première tandis qu’était mis en marche, à la suite du voyage de Richard Nixon en Chine en 1972, un Sud global de vaste envahissement manufacturier qui allait démanteler tous les circuits de production et de circulation liés au Nord français… Les décennies qui viennent seront donc les dernières pour l’univers de la capitalisation et elles marqueront une compétition mondiale féroce telle qu’induite par une accablante saturation des marchés renvoyant à la crise catastrophique irrémédiable du taux de profit. Ce qui va se jouer là se formalisera tout entier dans la question historique suivante : est-ce que l’ambition impérialiste US ira jusqu’au bout de son ouvrage de disparition de la mondialité française, du domaine nucléaire à la Nouvelle-Calédonie territoriale en passant par tous les espaces industriels, agricoles et culturels de la mer et de la terre ? Ou bien est-ce que l’État de France, issu du vieux colbertisme louis-quatorzien aura la capacité bonapartiste de s’extirper de ses multiples cellules de massive colonisation intérieure pour retrouver le chemin d’une véritable souveraineté stratégique susceptible de faire renaître l’histoire de sa mondialité ? En cette interrogation – tout entière fixée par PL/C+V dans sa relation à C/V – est de la sorte mise en perspective, d’emblée, toute la dialectique des luttes de classes ; celles qui, d’abord, opposent les diverses fractions de la classe capitaliste européenne et française aux opérations du spectacle de l’impérialisme transatlantique et celles qui, ensuite, vont consécutivement signaler le re-commencement radical des surgissements de l’autonomie prolétarienne contre le diktat austéritaire de la pourriture de l’économie et de la politique.
De là, l’impérieuse nécessité de méthode pour faire synthèse déterministe de rappel révolutionnaire sur l’arc historique d’ensemble de la production du mouvement réel des hommes vers le véritable désir humain générique, à partir des divers mouvements clefs qui formalisent la dialectique du développement historique :
I
La détermination communiste du prolétariat est l’être de son devenir historique abouti comme histoire de l’aboutissement du devenir de son être, c’est le mouvement de l’auto-présupposition dialectique de son déterminisme en tant que déployer de son auto-négation lorsque le Capital détermine lui-même la fin déployée de sa propre auto-négation. Tant que l’implication réciproque entre prolétariat et Capital se résout dans la reproduction de la capitalisation encore possible, l’activité du prolétariat en cette contradiction se trouve enfermée dans cette implication qui se matérialise alors comme une limitation in-dépassable. L’auto-présupposition de la révolution communiste trouve sa dynamique exclusivement dans l’auto-présupposition de la crise terminale de la reproduction du Capital lorsque la mort objective de la capitalisation se traduit comme auto-activité inévitable de la communisation vivante.
II
La nécessité de l’auto-négation historique du prolétariat universel est très précisément le principe fondamental de la crise finale du fétichisme de la marchandise totalement réalisée qui fonde la possibilité du passage révolutionnaire au communisme lorsque l’auto-négation du Capital se fait histoire universelle de la nécessité.
III
L’apport méthodologique essentiel du groupe Marx-Engels, par-delà les limites de son temps, est d’en avoir posé l’au-delà en mettant en perspective le temps le plus long tel que ce dernier finit par poser la question de la crise finale de la valeur d’échange comme introduction obligée à l’action communiste du prolétariat contre l’argent et l’État.
IV
Par crise finale, il convient d’entendre les événements ultimes où la contradiction substantielle qui lie le prolétariat au Capital et réciproquement est bien alors constitutive de son impossible reconduction aliénatoire dans un redéploiement du mouvement de la réification. Du coup, le mode de production de l’économie politique de la servitude cesse d’être apte à se renouveler dans un mode de fonctionnement davantage élaboré puisqu’il ne peut plus reproduire la production de sa production.
V
La crise terminale est ainsi la dernière crise du Capital car elle est une phase où les luttes du prolétariat ne peuvent que devenir révolutionnaires puisque la formation du fonctionnement réformiste cesse de pouvoir demeurer le mode normal des oppositions de classe dans la mesure où l’activité prolétarienne ne peut plus y être contrecarrée par aucune réactivation contre-révolutionnaire.
VI
Tant que l’histoire du Capital est l’histoire de sa domination formelle ou celle de sa domination réelle incomplète, le devenir du marché mondial ne peut être que le temps du modernisme incessant où doit s’affirmer antinomiquement et solidairement à la fois le prolétariat comme classe du Capital et le Capital comme classement du prolétariat. À l’inverse, le sujet de la révolution communiste est exclusivement celui du prolétariat qui s’abolit quand l’auto-invalidation de la marchandisation doit s’admettre sans retour.
VII
Tout le cycle de l’histoire sorti de la révolution agraire du néolithique de la valeur d’échange constitue le mouvement de l’aliénation humaine dont les rapports sociaux du capitalisme total formalisent l’étape finale. C’est là que se pose la centralité de la crise terminale de la valeur qui fait connaître la matérialité mondiale de la révolution communiste qui génère la seule relation d’histoire absolument émancipée où la vie de l’homme est pleinement celle de l’homme de la vie.
VIII
Du paléolithique au néolithique, l’humanité ne s’est produite elle-même que comme communisme de l’Être étriqué, partiel et éreinté. Depuis le néolithique, elle a basculé dans l’Avoir de la société appropriative qui, de la révolution capitaliste médiévale italienne jusqu’au totalitarisme aujourd’hui intégralement terminé, a réussi à fabriquer l’anti-naturalisme achevé de la capitalisation démocratique la plus parfaitement tyrannique.
IX
Pour que soit enfin clos l’ère des hommes dépossédés d’eux-mêmes et errant dans l’impuissance des sempiternelles jouissances factices, il est indispensable que l’humanité arrête de se produire comme agissement aliéné en la nature d’une histoire domesticatoire et en l’histoire d’une nature domestiquée. En cet endroit du devenir mondial, la contradiction planétaire des rapport sociaux de la dictature démocratique du profit est, par conséquent, énoncée jusqu’au degré suprême de la substance du prolétariat qui s’auto-annule en l’annulation de la substance même du Capital lui-même.
X
C’est en le mouvement de la crise finale de la valeur d’échange que s’exprime toute la matérialité de l’auto-négation du prolétariat car c’est là que se fait connaître matériellement l’unité déterministe universelle de la capitalisation complète que la révolution communiste va renverser et l’universalité des déterminations accomplies du Capital qui se retournent définitivement et totalement contre elles-mêmes. La schizophrénie mégapolitaine de l’usine globale conduit à une échéance inéluctable, celle de son trop plein qui aboutit infailliblement au rapport social de son auto-décomposition irrésistible.
XI
La possibilité matérielle de la révolution communiste est uniquement posée par l’imposition de l’impossible matérialité du devenir capitaliste. Des journées de Juin 1848 au mouvement des Gilets Jaunes en passant par toutes les irruptions historiques de radicalité ouvrière, la force du mouvement vers l’auto-négation du prolétariat qui est l’être de son être, est inversement proportionnelle au mouvement de la force qu’a encore le spectacle de la marchandise d’accumuler les catégories actives de l’aliénation. Et désormais, dans l’invariance historique de la dialectique qui est l’histoire de l’invariance dialectique, tout revient en plus fort et en plus vrai… Le « Bien travaillé, vieille taupe ! » est ce sur quoi l’horloge de l’advenir va se régler en arrêtant enfin tous les comptes et en allant au terme de sa logique implacable : l’abolition du salariat et de l’État !
XII
Pour que le spectacle de la marchandise puisse être immortel, encore eût-il fallu que la loi de la baisse du taux de profit n’existât point mais elle existe férocement et elle nous dit maintenant et tous les jours davantage que le Manifeste communiste est assurément le devenir du monde qui indique très précisément l’auto-émancipation universelle de l’humanité en mouvement… La crise ultime de la valeur d’échange qui, à la fin, ne pourra plus rien échanger du tout permettra l’activité pratique maximaliste du prolétariat conscient qui se dé-montrera d’abord par le fait qu’elle surviendra dans l’usine globale des centralités européennes du village européen maximaliste et alors le reste suivra… puisque le village oriental des soumissions interminables sera alors balayé par la praxis communiste de l’auto-négation du prolétariat universel… Notre époque est incontestablement celle où le prolétariat, combattant en tant que classe contre l’usine globale du Capital, va se remettre lui-même en cause en portant le dépassement révolutionnaire du spectacle de la marchandise totalitaire par la production immédiate du communisme en tant qu’abolition de toutes les classes et jaillissement de la communauté humaine universelle des besoins humains réels.
Gemeinwesen !