Marshall Sahlins est décédé il y a peu à 90 ans. Guerre de Classe tenait à rendre hommage à cet anthropologue américain, spécialiste des groupes primitifs et préhistoriques car bien que Salhins ne fut pas un radical au sens où nous l’entendons, il nous permet aujourd’hui d’envisager – grâce à son intelligence de l’expérience humaine – l’avenir de la communauté universelle à partir des bases matérielles du passé. En effet, dans son livre « Âge de pierre, âge d’abondance », Salhins démystifie la période paléolithique en démontrant que celle-ci fut bien plus un temps où les ressources abondaient en masse, contrairement à la justification idéologique du progrès moderne où les temps préhistoriques sont nécessairement présentés sous la forme de la disette et du dénuement. Son analyse a donc ceci d’important : revenir à la méthode du matérialisme historique, dialectiser l’expérience c’est à dire partir des faits pour en arriver à ce qui les détermine vraiment et in fine, nous éclairer sur le mode de production des communautés primitives sans argent. En dernière instance, l’abondance à l’inverse de  la production aliénée usinière de masse contemporaine est bien une authentique production adéquate aux besoins humains et ce n’est qu’à partir de la mise en mouvement de la valeur d’échange, c’est-à-dire au néolithique, que le manque et la rareté vont prendre le pas sur l’abondance primitive, ne l’oublions pas ! 

Contre tous les fétiches mensongers qui défigurent le mouvement réel de l’histoire, Marshall Sahlins a réussi – à son niveau – à remettre à l’endroit une période cruciale pour la compréhension déterministe de l’histoire et c’est en ce sens que nous le saluons chaleureusement.