22 décembre 1940 – 11 juillet 2023

Pierre Guillaume s’en est allé retrouver le monde des éternités essentielles, là où le Logos des vieilles invariances radicales brille d’un feu immortel. À l’inverse de tous les dandys,  carriéristes, escrocs et touristes fainéants du gauchisme de la marchandise malfaisant, accrochés à toutes les modes commerciales et morales contre-révolutionnaires du progrès de la valorisation capitaliste interminable,  Pierre n’a jamais renié un millimètre du combat radical pour le communisme véritable ni lâché la moindre parcelle du fil dialectique du mouvement historique réel vers la liquidation de l’argent, du salariat et de l’État.  Homme de Belle qualité rare dans un monde où pullulent désormais les quantités sordides de l’ordinaire rampant, il fit de toute sa vie une lutte joyeuse de vérité humaine éclairée par la Vieille Taupe invincible des engagements maximalistes opiniâtres et désobéissants jamais trahis.

Contre tous les renégats, pleutres, mouchards, branquignols et dénonciateurs qui faisaient semblant de ne point être leur triste misère afin d’obtenir un poste dans le spectacle des multiples polices de l’américanisation industrielle de l’abrutissement spectaculaire sans limite, il nous aura appris à perdurer dans ce Tenir Debout indomptable qui, de l’éclatante grève sauvage de 1968 aux librairies récalcitrantes des rues des Fossés-Saint-Jacques et d’Ulm, posa et reposa toujours – dans le temps opiniâtre de la conscience réfractaire – la question inaugurale centrale énoncée en 1842  par Marx dans sa réfutation révolutionnaire de toute censure étatique. À l’été 1989, dans cette trajectoire de méthode toute surgie de la critique de l’économie politique du groupe Marx-Engels, il nous rappelait avec finesse que « Dévoiler l’illusion c’est donc aussi commencer à dévoiler la réalité. C’est, déjà mais pas encore, transformer la réalité ». 

Pierre, avec humour et humeur, sut – dans des difficultés gigantesques – maintenir ainsi sans relâche la ligne de défense du maximalisme insurrectionnaire surgi de la désobéissance prolétaire contre l’ensemble des mensonges sociaux-démocratiques, libertaires et bolchéviques du capitalisme de la modernité étatique la plus épouvantable. Il savait – avec grande culture d’histoire et à partir de ce que signalent les remarquables collectivisations communeuses de Barcelone 36-37 – que le réfléchir critique c’est toujours la possibilité de penser autrement puisque parler en authentique expression indisciplinée n’a de sens qu’à condition que ce soit d’abord, dans la faculté illimitée de pouvoir dire aux cerveaux aliénés ce qu’ils n’ont justement absolument pas envie d’entendre…

Pierre était de la trempe des Varlin et des Lefrançais, tout entier inscrit dans le courage moral et physique des traditions communardes de l’esprit gaulois réfractaire. Il avait du panache tout en demeurant humble et se montrait spontanément généreux avec tous, en sachant anti-dogmatiquement que la destination est bien plus importante que la provenance. Il eut le cran de rééditer les ouvrages de Rassinier avec perspicacité et à l’encontre des vents dominants du pouvoir totalitaire de la valeur d’échange. Il eut l’audace d’accompagner dialectiquement les travaux de Faurisson par-delà l’empirie immédiate et au nom de l’intransigeance communiste incendiaire qui veut qu’il soit interdit d’interdire toute recherche non conforme en sachant que le vrai est exclusivement ce qui se pose comme vérifié et pleinement débattu – en négatif de toutes les apparences du fétichisme de la marchandise. Contre tous les faux révolutionnaires de cour qui jacassaient sur lui sans d’ailleurs l’écouter, le lire et pouvoir l’entendre, il sut poser les bases les plus conscientes du refus intransigeant de toutes les mythologies aliénatoires qui fondent l’ordre moderne de la dictature démocratique de la valeur d’échange. Les fourbes et les déserteurs en horde avilie et obséquieuse poignardèrent naturellement Pierre dans le dos et seuls les hommes qui savaient ce que Gemeinwesen signifie, restèrent franchement fidèles à sa fidélité communiste.

 Contre toutes les impostures qui, de l’extrême droite à l’extrême gauche du Capital, entendent continuellement reproduire le processus de la servitude volontaire, Pierre traçait sa route pour la solution historique universelle à zéro État avec sourire, humanité et chaleureux savoir. Grâce à sa compagne et ses filles qu’il chérissait avec force et tendresse et qui lui renvoyaient l’amour qui lui correspondait, il sut dialoguer avec tous les chants du monde et nous montrer dès lors le chemin de l’auto-émancipation de l’humanité générique.

Comme Rosa Luxemburg – exécutée par les perfidies du progrès social-démocratique de la marchandise – qu’il appréciait tant, il est donc , bien présent et pour toujours,  aux côtés de tous les humains qui se battent pour la communauté du véritable ex-ister  et il nous dit : J’étais, je suis, je serai !

Bien travaillé… Vieille Taupe !

Guerre de Classe impérissable – Été 2023