CONSCIENCE, TEMPORALITE, ACTION ET HISTOIRE…

L’existence de quelque chose dans le temps, implique l’existence du temps pendant que le quelque chose existe.

Aristote, Physique, livre IV

Mais il ne faut pas dire seulement que ce qui fait changement doit être passé par des moments de trans-formation accomplie, il faut dire encore que ce qui a accompli son changement a été auparavant en train de faire changement.

… une certaine infinité est immédiatement le mouvement de ce qui a été engendré ou détruit… 

Aristote, Physique, livre VI

Le désir est l’essence même de l’homme, en tant qu’on la comprend comme déterminée, par suite de quelque affection d’elle-même, à faire un quelque chose.

Spinoza, l’Éthique, Partie III

On se trompe énormément quand on s’imagine qu’il y a des antiques. Ce n’est que maintenant que l’antiquité commence à faire naissance … Il en est de même pour la littérature classique comme de l’antiquité ; à proprement parler, elle ne nous est pas donnée – elle n’est pas présente –, c’est à nous seuls qu’il appartient d’en faire production…

Novalis, Schriften

Nous devons être certains que la nature du véridique est d’émerger lorsque son temps est venu, et qu’il se manifeste seulement quand ce temps est venu ; c’est pourquoi il ne se manifeste pas trop tôt et ne trouve pas son audience sans maturité pour l’accueillir.

Hegel, Phénoménologie de l’esprit

Seul ce qui est vivant, ce qui est spirituel se met en marche et se meut en soi, se développe. L’Idée est ainsi, – concrète en soi et se déploie, – un système organique, une totalité, qui contient en soi une richesse de seuils et de moments.

Hegel, Introduction au cours d’histoire de la philosophie

L’esprit n’est pas un quelque chose qui s’est mis en repos, mais, bien plutôt, ce qui est absolument le sans relâche, la pure activité.

Hegel, Enc. III, Philosophie de l’esprit

Un jour où Napoléon s’entretint avec Goethe de la nature de la tragédie, il émit l’avis que la tragédie moderne se différenciait de l’ancienne essentiellement en ce que nous n’avions plus aucun destin auquel les hommes succomberaient, et qu’à la place de l’ancien Fatum était apparue la politique. Celle-ci devait donc être utilisée comme le destin moderne pour la tragédie, comme l’irrésistible puissance des circonstances devant laquelle l’individualité se devait de plier.

Hegel, Leçons de philosophie de l’histoire

C’est précisément en élaborant le monde des objets que l’homme commence à s’affirmer comme être générique… Grâce à cette production, la nature lui apparaît comme son œuvre et sa réalité. … L’homme ne se recrée pas seulement d’une façon intellectuelle, dans sa conscience, mais activement, réellement, et il se regarde lui-même dans le monde de sa création.

… L’animal est immédiatement relié à son activité vitale. Il ne s’en différencie pas. Il l’est. L’homme, lui, fait de son activité vitale elle-même l’objet de sa volonté et de sa conscience.

Marx, Manuscrits de 1844

Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience. À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l’énorme superstructure. Lorsqu’on considère de tels bouleversements, il faut toujours distin­guer entre le bouleversement matériel – qu’on peut constater d’une manière scientifiquement rigoureuse – des conditions de production économiques et les formes juridiques, politiques, religieuses, artistiques ou philosophiques, bref, les formes idéologiques sous lesquelles les hommes prennent conscience de ce conflit et le mènent jusqu’au bout. Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule­ver­se­ment sur sa conscience de soi ; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives socia­les et les rapports de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir.

Marx, Critique de l’économie politique, Préface

La mobilisation idéologique inhérente aux guerres modernes et le contrôle total de la population, en particulier par le contrôle de l’information et de la propagande de guerre, mettent précisément en place cette société du spectacle, caractérisée par une disjonction entre l’expérience concrète et l’expérience réellement vécue à travers le spectacle, mis en scène sous le contrôle direct de l’État.

Pierre Guillaume, Droit et Histoire

Il est clair que si l’on ne comprend rien à la baisse du taux de profit de l’exploitation, on peut tout à fait admettre l’accumulation sans limite du Capital, et l’on peut aussi prouver – dans le hors-sol autiste des élucubrations subjectivistes de l’idéologie perpétuée – le mirage de sa viabilité sans bornes… Si le mode de production capitaliste était en état d’assurer sans limite l’accroissement des forces de production du progrès de la capitalisation, alors il serait invincible sauf qu’il ne l’est pas et qu’il nous le dit d’ailleurs lui-même…

Saturation du marché mondial, crise des taux d’intérêt négatifs, mise en jachère administrative du commerce international, leurre mondialiste de la dictature sanitaire du Coronavirus étatique, démence climato-réchauffiste, guerre commerciale USA-Europe… Voici comment l’obsolescence de la capitalisation se présente et se cache à la fois en organisant simultanément la circulation des grandes désespérances du Moi tautologique creux, souillon et maniaco-dépressif qui finissent par s’égarer dans cette errance ininterrompue de l’angoisse excentrique qui, au lieu de penser l’histoire du mouvement réel, sombre dans la folie d’un cycle machinal et automatique de froide bêtise qu’elle projette névrotiquement sur le monde.

VOYAGE AU BOUT DE LA FIN DU CAPITAL