” En même temps que la monnaie devient universelle, le possesseur de marchandises devient cosmopolite. Les relations cosmopolites ne sont à l’origine que les relations entre possesseurs de marchandises. La marchandise en soi et pour soi est au-dessus de toute barrière religieuse, politique, nationale et linguistique. Sa langue universelle est le prix, et sa communauté, l’argent. Mais à mesure que se développe la monnaie universelle en opposition à la monnaie nationale, le cosmopolitisme du possesseur de marchandises devient la croyance à la raison pratique en opposition aux préjugés traditionnels de la religion, de la nation, etc., qui entravent les échanges matériels entre les hommes. Le même or, s’il se trouve en Angleterre sous forme d’ « eagles » américains, devient souverain et circule trois jours après à Paris comme napoléon, se retrouve quelques semaines plus tard à Venise sous forme de ducat. Mais il garde toujours la même valeur et le possesseur de marchandises ne tarde pas à se rendre compte que la nationalité se résume dans l’estampille de la guinée. L’idée sublime en laquelle se résoud à ses yeux l’univers tout entier, c’est celle d’un marché : le marché universel. “
Karl Marx – Critique de l’économie politique – Monnaie universelle – 1859