L’histoire de la philosophie n’est pas une collection d’opinions quelconques mais le lieu de nécessité qui unit ses premiers moments originaux à la richesse de tout son développement ultérieur…

Si je fais de la philosophie, je me pose en face de ma vie et donc de moi-même; cela présuppose que ma vie ne me satisfait plus. Ainsi, la philosophie indique le moment historique où a lieu la division de la vie, la séparation entre la réalité immédiate et la pensée, la ré-flexion à ce sujet. C’est l’époque du commencement de la déliquescence et de la corruption des hommes. Lorsque l’esprit se met à s’échapper dans le domaine du penser, alors seulement se développe la philosophie… Il faut toujours qu’il se manifeste une division avec l’extérieur. Quand il n’y a plus d’harmonie intérieure entre ce que désire l’esprit et ce qui doit le satisfaire, c’est alors que peut se produire la philosophie…

En Grèce, se lève ainsi la liberté de l’auto-conscience de soi… Dans la splendeur orientale l’individu s’efface; il n’est qu’un reflet de la substance… En Grèce, commence le monde de la liberté… L’individu se pense dans sa particularité en l’intuition de lui-même comme universel. Il peut alors se saisir comme être universel dans l’universel. Son être est son universalité et son universalité son être.

Hegel, Leçons sur l’histoire de la philosophie